Pauvre Jacques Barrot. Ce notable centriste qui a passé les clés de sa paroisse en toute confiance au si prometteur et propre sur lui Laurent Wauquiez doit se retourner aujourd'hui dans sa tombe.
Wauquiez, vous savez, cet agrégé d'histoire et normalien s'il vous plaît - et donc censé appartenir à l'élite éclairée de ce pays - transparent ministre de l'Enseignement supérieur sous Sarkozy, est aujourd'hui candidat LR aux régionales en Rhône-Alpes-Auvergne. De sa Haute-Loire qu'il a érigée en forteresse d'où il prêche à l'envi, le petit Wauquiez qui se revendiquait naguère de la droite sociale s'affiche désormais davantage comme le thuriféraire des milieux nationalistes au fort relent identitaire. Celui qui est tout de même secrétaire général des Républicains incarne jusqu'à la caricature la porosité grandissante entre une partie de la droite et de l'extrême droite, faisant presque passer pour des centristes ventriloques les Ciotti, Morano ou autres Estrosi, et double allègrement sur leur droite Le Pen & Co.
N'a t-il pas été un des premiers de la droite à dégainer samedi matin en suggérant d'enfermer tous les présumés djihadistes et à faire savoir très vite qu'il se moquait de l'unité nationale comme de sa première couche, du moment que ça faisait de la mousse et alimentait l'indécente polémique qui peut rapporter quelques voix. Ce qui reste tout de même à démontrer à force de prendre les Français pour des imbéciles.
Lui qui se présente comme un bon catholique n'a pas dû entendre le pape appeler au respect humain. En suggérant des solutions que certains membres de son propre parti ont qualifié de " simplistes et à courte vue" (cf interview dans L'Est Républicain du sénateur LR Reichardt), et surtout en les sachant rigoureusement inapplicables, Wauquiez étale plus sa mauvaise foi que la compassion qui devrait l'animer.
A souffler sur les braises en guise de programme, à jouer insolemment et cyniquement sur les peurs sans propositions concrètes et réalisables, c'est exposer toute la société à un redoutable retour de flammes. Mais sans doute n'en a-t-il cure.
Philippe RIVET